mardi 29 mars 2011

Le marché du halal face au "bazar" de la certification
Le marché porteur du halal, convoité par les plus grands groupes d'alimentation et de distribution, est devenu "un véritable bazar", où les intervenants qui veulent respecter les règles du Coran, regrettent le manque de fiabilité des multiples labels de certification.
Le marché porteur du halal, convoité par les plus grands groupes d'alimentation et de distribution, est devenu "un véritable bazar", où les intervenants qui veulent respecter les règles du Coran, regrettent le manque de fiabilité des multiples labels de certification.

AFP - Le marché porteur du halal, convoité par les plus grands groupes d'alimentation et de distribution, est devenu "un véritable bazar", où les intervenants qui veulent respecter les règles du Coran, regrettent le manque de fiabilité des multiples labels de certification.

"Aujourd'hui chacun certifie à sa manière (...) C'est le bazar, voire l'anarchie", s'inquiète Adnene Debbabi, directeur du Food Label Institute de Paris, spécialisé dans la certification halal, en marge de la 8e édition du salon Halalexpo qui se tient jusqu'à mercredi porte de Versailles à Paris.

Selon lui, le secteur "manque de compétences" pour mener à bien sa mission, en l'occurrence rassurer les consommateurs musulmans sur les produits halal qu'ils achètent.

"Les consommateurs doutent, il y a une quarantaine d'associations qui donnent des certificats, mais personne ne les contrôle", explique de son côté Abdel Touhami, directeur de la certification et de la traçabilité de la viande halal pour l'organisme HVS (ndlr, Halal Viande Sacrifiée).

Spécialiste de la certification depuis plus de 15 ans, M. Touhami a demandé en octobre 2010 au ministère de l'Agriculture la création d'un Office national du halal.

"L'Etat doit légiférer car l'anarchie actuelle doit être régulée", plaide-t-il, souhaitant que la France puisse adopter un système, à l'instar de ce qu'ont fait les Pays-Bas et l'Allemagne, lui permettant aussi de s'assurer des marchés à l'export dans les pays musulmans.

Les problèmes ne se posent pas seulement au niveau des abattoirs, où les contrôles sont insuffisants, mais aussi au niveau de la traçabilité, car les viandes ne "sont pas vraiment suivies au niveau des industries de la transformation".

Dans le système actuel en France, la viande halal est contrôlée par des "sacrificateurs" dans les abattoirs, nommés par trois mosquées uniquement, celles de Paris, Evry et Lyon.

Une fois certifiée halal, la viande est achetée par les industriels de la transformation, qui ne respectent pas toujours le processus jusqu'à la vente du produit final, comme l'ont pointé notamment des associations de consommateurs.

Le marché du halal concerne la viande mais aussi la biscuiterie, les sirops, les laitages, sans oublier les cosmétiques, voire les services comme les "hôtels halal", où aucun alcool n'est servi. Un "bon business" que plusieurs intervenants à Halalexpo n'hésitent pas à qualifier d'"énorme".

Les estimations les plus variées circulent sur son poids réel du halal en France. M. Debbabi l'évalue à plusieurs milliards d'euros, pour quelque 5,5 millions de consommateurs.

Pour le cabinet Xerfi, ce marché représente près de 4 milliards d'euros, en progression de plus de 10% par an, selon sa dernière étude publiée lundi. Un autre cabinet, Solis, spécialisé dans le marketing et les "sondages ethniques" estime à 5,5 milliards le chiffre d'affaires 2010 du secteur.

D'autres, comme Nielsen ou IRI, avancent des chiffres beaucoup plus modestes, de 130 à 144 millions d'euros pour les ventes en hyper et supermarchés, avec néanmoins une très forte croissance, supérieure à 20%.

Cet essor attise les convoitises des grands groupes comme Nestlé (marques Herta et Maggi), Fleury-Michon, Bigard, Doux et Dux. Fleury-Michon a lancé en 2009 plusieurs références de charcuteries de volaille halal, comme ses concurrents Herta et LDC.

Il y a aussi des sociétés spécialisées dans le halal, comme Zaphir (marque Isla Délice), Corici (Medina Halal), ou HCD (Amine). Il s'agit souvent de PME, qui se heurtent aux marques halal des grands groupes.

Enfin, les enseignes de la grande distribution de type Casino, Carrefour Auchan et Intermarché se sont également lancées dans ce créneau. Casino a ainsi lancé en 2009 sa marque halal, les produits Wassila, avec un site internet ad hoc et des garanties sur la traçabilité.

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