vendredi 22 avril 2011

Société 21/04/2011 à 11h20 (mise à jour le 22/04/2011 à 14h01)

Tuerie de Nantes: la voiture du père retrouvée dans le Var

actualisé

Le procureur souligne une "coïncidence" entre la présence de l'homme dans le Var, le 14 avril, et la disparition d'une femme dans ce département. Hier, les corps de la femme et des quatre enfants ont été retrouvés sous la maison.

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Par LIBÉRATION.FR

Devant la maison de la famille, à Nantes.

Devant la maison de la famille, à Nantes. (Jean-Sebastien Evrard / AFP)

La disparition inquiétante d'une famille nombreuse apparemment sans histoire a débouché jeudi sur une découverte macabre dans le jardin de la maison familiale à Nantes, avec cinq corps exhumés.

Désormais, les enquêteurs recherchent activement le père Xavier Dupont de Ligonnès, 50 ans. Une "trace bancaire" d'une carte appartenant à la famille, a été enregistrée à Roquebrune-sur-Argens (Var). Trace qui remonte au jeudi 14 avril.

Dans la nuit, la voiture du père de la famille, une Citroën C5 bleue métallisée immatriculée 235CJG44, a été retrouvée dans cette ville par une patrouille de gendarmerie, sur le parking de l'hôtel Formule 1.

Le père de famille a passé la nuit du 14 au 15 avril à l'hôtel, a précisé à l'AFP une source proche de l'établissement.

Une femme disparue dans le Var

Une femme, Colette Deromme, a disparu à cette même date dans le département. Le procureur de Nantes a souligné cette «coïncidence» dans son point sur « les derniers éléments du dossier». «Rien à ce jour» n'est encore établi, précise-t-il.

«La famille Dupont de Ligonnès a habité avant 2003 (dates non encore établies de manière certaine) le village de Lorgues (Var) dans lequel résidait Mme Deromme», ajoute le magistrat.

Les autopsies qui permettront d'identifier formellement les victimes et doivent confirmer que les décès ont été provoqués par une arme à feu sont prévues dans la journée, selon la même source.

Après une journée de fouille, les corps de la mère de famille, Agnès, 49 ans et de ses enfants, Arthur et Thomas, 18 et 21 ans, Anne, 16 ans, et Benoît, 13 ans, ont été retrouvés.

(AFP Nicolas Cado)

Les corps avaient été soigneusement enterrés dans des sacs de jute et avec de la chaux vive, le tout acheté peu avant. Les cinq cadavres se trouvaient sous la terrasse, construite en surplomb du jardin, avec ceux des deux chiens de la famille. Des espaces vides avaient été remplis d'objets encombrants, de planches et c'est seulement une fois ces espaces vidés et après avoir creusé la terre, que les enquêteurs ont mis au jour, jeudi matin, un premier sac de toile de jute et des traces de chaux.

Cinq corps ainsi traités, ainsi que ceux des deux labradors ont été exhumés jeudi et la fosse est désormais vide, comme l'avait indiqué le procureur de Nantes jeudi en fin de journée.

Bail résilié

Loin du coup de folie, les enquêteurs penchent pour l'hypothèse d'un scénario méticuleusement préparé à l'avance: le bail de la maison avait été résilié, des lettres adressées aux amis et à la direction de l'école pour les prévenir du départ de la famille.

Après un signalement pour disparition inquiétante, l'enquête a basculé jeudi matin "sur une qualification criminelle de séquestration et d'assassinat", comme l'a raconté le procureur à Nantes Xavier Ronsin.

Alors que les enquêteurs lançaient un appel à témoin "pour trouver tout indice, tout témoignage utile ou toute preuve de vie", les fouilles menées à l'abri d'une grande bâche sur un boulevard très passant de Nantes ont permis de découvrir un reste de jambe sous la terrasse, puis un premier corps.

Avant de disparaître, des messages "délirants et contradictoires" ont été envoyés, selon le procureur. A certains proches, "Monsieur a expliqué qu'il était agent secret et qu'il partait dans le cadre d'un programme de protection des témoins", a-t-il dit.

"Mutation en Australie"

Le directeur de l'établissement privé fréquenté par les enfants les plus jeunes a reçu un courrier évoquant une "mutation professionnelle urgente" en Australie, avec "un chèque pour solde de tout compte jusqu'à la fin de l'année scolaire".

Souvent absent pour des raisons professionnelles, selon le procureur, le père était gérant d'une petite société à Pornic, selon l'appel à témoin de la police judiciaire, commercial, d'après une source proche de l'enquête, "dans le tourisme" chargé de préparer un guide touristique, précise encore le patron du café voisin.

La mère, qui enseignait le catéchisme, était surveillante dans un établissement scolaire.

Entre autres témoignages, un des voisins, Fabrice assure avoir vu le père, il y a 15 jours, vêtu d'un short et de chaussures bateau, mettant "des gros sacs dans sa voiture", une "C5". Il dit avoir vu Agnès pour la dernière fois le dimanche 4 avril. "Quelques jours après", les deux labradors "ont hurlé à la mort pendant toute la nuit et, après, plus rien".

A l'emplacement de la boite à lettre, un petit carton indique: "courrier à retourner à l'expéditeur. Merci".

La maison de la famille à Nantes (AFP)

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