par Ghania Oukazi
Les Américains sont persuadés que l'Algérie n'échappera pas au vent de changement politique qui souffle sur la région. Ils veulent que toute décision dans ce sens soit discutée entre les gouvernants et le peuple. L'ambassadeur des Etats-Unis à Alger l'a dit clairement lors d'une ultime conférence de presse qu'il a animée jeudi matin, à la veille de son départ. «C'est une période de grands changements dans la région, cela signifie que les peuples recherchent plus de liberté, de dignité et dopportunités», a affirmé David Pearce. Il constate que «la manière pour provoquer ce changement varie en fonction des circonstances de chaque pays.» Tout en rappelant que «l'Algérie est le plus grand pays de la région (en terme de superficie) après le Soudan (après le référendum pour l'autonomie du Sud)», il indique que «le débat pour le changement est en cours, car l'Algérie n'est pas immunisée contre le changement du moment que le débat est lancé». Seulement, dit-il, «je pense que la décision de ce changement devra être prise en concertation entre le gouvernement et le peuple.» Selon lui, «les Etats-Unis pensent que l'Algérie est un grand pays, pas seulement en superficie ou en population, mais aussi par rapport à son rôle et à son influence dans la région. C'est pour cela qu'ils lui accordent une attention particulière». Il dit «reconnaître au peuple algérien beaucoup de talent et à l'Algérie son grand potentiel». C'est aussi ce qui le laisse persuadé qu'«il va y avoir un changement». Et, confie-t-il encore, «nous savons qu'il y a des discussions en cours à cet effet et qu'il y a des divergences de points de vue, c'est tout à fait normal. Mais il faut le faire avec beaucoup de tolérance, il faut être prêt à dialoguer à tout moment». L'ambassadeur a fait ses adieux «comme de coutume» mercredi au président de la République. Bien qu'il ait refusé de divulguer la teneur des discussions qu'il a eues avec lui, il indiquera qu'il a été question «de l'état des relations entre les deux pays, mais aussi sur ce qui se passe dans la région». Dans cet ordre d'idées, le diplomate américain affirme encore une fois que «le changement reflète les ambitions des peuples». Ambitions qui, explique-t-il, «sont très importantes et doivent être suivies et soutenues par les Etats». Il déclare ainsi que «nous souhaitons que les Etats les prennent en charge d'une manière transparente, sincère et pacifique». Il salue, pour la circonstance, la décision de la levée de l'état d'urgence prise par le chef de l'Etat. Décision qu'il qualifie de «très positive», tout en souhaitant qu' «il y aura d'autres ouvertures d'espaces de liberté pour la société civile, de liberté d'expression, d'opinion et de rassemblement». «La proposition marocaine est crédible et réaliste» Interrogé sur les conséquences de l'intervention militaire contre la Libye, Pearce a précisé que «c'est très important de comprendre que personne ne voulait arriver à cette situation, mais le fait est là : Kadhafi était en train de tuer des civils. Il fallait donc agir pour l'en empêcher. Il y a eu la résolution onusienne que la Ligue arabe a appuyée. La communauté internationale, comme l'a dit Clinton, devait réfléchir à la protection des civils avant de passer à l'acte. Vous savez qu'il y a 700.000 habitants à Benghazi et les forces de Kadhafi avançaient pour les exterminer. Que faire ? Rester les bras croisés ?». Il estime alors que «la communauté internationale a réagi pour un objectif humanitaire : il s'agit d'abord de la protection des civils». Il trouve «naturel que les décisions prises par les responsables soient remises en cause, surtout quand il s'agit de questions militaires». Mais il assure que «le président Obama ne l'a pas prise à la hâte : c'est une décision réfléchie et prise avec beaucoup de soin». Il espère, dit-il, qu' «elle profitera au peuple et que c'est lui qui décidera». C'est à demi-mot que l'ambassadeur reconnaît la hantise de son pays de voir «les extrémistes retourner la situation en leur faveur», tout en espérant que «ça ne se passera pas en Libye.» A une question sur le Sahara Occidental, Pearce précise en premier que «la déclaration faite récemment par Hillary Clinton reflète la politique habituelle des Etats-Unis, (même) s'il y a toujours des discussions sur la question». Une politique qui, précise-t-il «n'a pas changé. Nous avons toujours encouragé les visites de Ross et les parties concernées à discuter entre eux pour arriver à une solution mutuelle ». Il ajoutera surtout que «nous considérons que la proposition marocaine est crédible et réaliste, elle reflète la politique américaine sur le conflit sahraoui». L'ambassadeur affirme par contre que pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, «je n'ai jamais vu un engagement aussi affiché en faveur d'une résolution de ce conflit comme celui de l'administration Obama. Mais nous pensons que la solution réside dans les négociations entre les deux parties». Il reconnaît que la question est ardue mais il rappelle, pour l'anecdote, que «George Michel m'a dit à ce sujet que pour régler le conflit en Irlande du Nord, j'ai eu à traiter 700 questions, j'ai eu 699 échecs, mais la 700e a été une réussite». Donc, il estime qu'«il faut persévérer pour trouver des accords sur comment le faire. L'administration Obama s'est engagée à résoudre ce conflit».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire