De la guerre de l’opium à la guerre du pétrole
Pour Domenico Losurdo, la guerre de l’OTAN contre la Libye doit être restituée dans le cadre de l’histoire du colonialisme.
Dès le milieu du XIXème siècle, les puissances européennes pouvaient arracher leur soumission aux peuples d’Afrique et d’Asie en leur infligeant la « politique de la canonnière ».
Ainsi, en 1840, pour obliger la Chine à lever son interdiction à l’importation de l’opium, la Grande-Bretagne envoie ses navires de guerre pour bombarder la ville de Canton.
L’armada anglaise (16 vaisseaux de ligne, 4 canonnières, 28 navires de transport, 540 canons et 4.000 hommes) dispose d’une puissance de feu capable de semer la mort et la destruction à grand échelle.
La Chine, elle, ne dispose que d’une artillerie dont la portée n’est même pas en mesure de toucher l’envahisseur. Elle est contrainte de capituler et de signer le premier des « traités inégaux » qui lui sera imposé ; elle perd sa souveraineté sur son commerce et doit céder des portions de son territoire.
En 1843 et 1844, les États-Unis, puis la France, obtiennent de la Chine les mêmes privilèges commerciaux que les Britanniques.
La France s’octroie même le droit d’évangéliser les Chinois !
En 1856, la Grande-Bretagne - alliée à la France cette fois - déclenche contre la Chine une seconde guerre de l'opium tout aussi catastrophique pour la grande nation asiatique.
C’est ainsi qu’à commencé ce que les Chinois définiront comme « le siècle des humiliations » et qui ne prendra fin qu’avec l’avènement de la République populaire en 1949.
GUERRES COLONIALES D’AUJOURD’HUI
De nos jours, les guerres déclenchées par les puissances occidentales contre de nombreux pays du Tiers-Monde paraissent bien semblables à celle qu’a affrontée la Chine en son temps.
Lors de son agression contre la Libye, l’OTAN a pu effectuer des milliers de bombardements non seulement sans subir la moindre perte mais sans même risquer d’en subir. Dans ce sens, la force militaire de l’OTAN ressemble plus à un peloton d’exécution qu’au déploiement d’une armée en vue de combats traditionnels.
Cette disproportion technologique et militaire relance les ambitions et les tentations colonialistes de l’Occident.
A leurs avions, navires de guerre, drones et satellites, les auteurs des nouvelles guerres coloniales peuvent ajouter leurs capacités de « bombardement » médiatique aptes à transformer une agression caractérisée en une « intervention humanitaire ». La manipulation, le mensonge, ainsi que l’attisement de minorités ethniques et religieuses sont ainsi devenus des ingrédients de leur politique belliqueuse.
Pour couronner le tout, la Cour pénale internationale (CPI) est là comme une sorte d’appendice judiciaire du peloton d’exécution de l’OTAN s’employant à légitimer et consacrer les bourreaux.
Et, pour qu’il soit clair que la CPI a été créée pour juger les seuls ressortissants de pays colonisés par la force et la terreur, les États-Unis ont décidé que leurs citoyens, soldats et mercenaires seraient soustraits à sa juridiction.
Par ailleurs, la guerre contre la Libye a montré que les impérialistes avaient procédé à une nouvelle division de leur travail : les traditionnelles puissances coloniales comme la Grande-Bretagne et la France - avec l’appui politique et militaire décisif des États-Unis - se concentrent sur le Moyen-Orient et sur l’Afrique, tandis que les États-Unis tendent à déplacer de plus en plus leur dispositif militaire vers l'Asie, en visant explicitement la Chine.
C’est pour ce dernier pays la menace de devoir faire face à l’agressivité renouvelée de l’impérialisme occidental.
Et, on comprend son souci de ne pas rééditer le retard technologique et militaire qui lui avait été si fatal il y un siècle et demi. Donc de continuer à impulser son développement économique.
[1] Article basé sur un texte du philosophe italien Domenico Losurdo : Dalle guerre dell’oppio alle guerre del petrolio, domenica 23 Ottobre 2011 -
GUERRES COLONIALES D’HIER
Dès le milieu du XIXème siècle, les puissances européennes pouvaient arracher leur soumission aux peuples d’Afrique et d’Asie en leur infligeant la « politique de la canonnière ».
Ainsi, en 1840, pour obliger la Chine à lever son interdiction à l’importation de l’opium, la Grande-Bretagne envoie ses navires de guerre pour bombarder la ville de Canton.
L’armada anglaise (16 vaisseaux de ligne, 4 canonnières, 28 navires de transport, 540 canons et 4.000 hommes) dispose d’une puissance de feu capable de semer la mort et la destruction à grand échelle.
La Chine, elle, ne dispose que d’une artillerie dont la portée n’est même pas en mesure de toucher l’envahisseur. Elle est contrainte de capituler et de signer le premier des « traités inégaux » qui lui sera imposé ; elle perd sa souveraineté sur son commerce et doit céder des portions de son territoire.
En 1843 et 1844, les États-Unis, puis la France, obtiennent de la Chine les mêmes privilèges commerciaux que les Britanniques.
La France s’octroie même le droit d’évangéliser les Chinois !
En 1856, la Grande-Bretagne - alliée à la France cette fois - déclenche contre la Chine une seconde guerre de l'opium tout aussi catastrophique pour la grande nation asiatique.
C’est ainsi qu’à commencé ce que les Chinois définiront comme « le siècle des humiliations » et qui ne prendra fin qu’avec l’avènement de la République populaire en 1949.
Prise du fort de Lyn par le corps expéditionnaire français |
GUERRES COLONIALES D’AUJOURD’HUI
De nos jours, les guerres déclenchées par les puissances occidentales contre de nombreux pays du Tiers-Monde paraissent bien semblables à celle qu’a affrontée la Chine en son temps.
Lors de son agression contre la Libye, l’OTAN a pu effectuer des milliers de bombardements non seulement sans subir la moindre perte mais sans même risquer d’en subir. Dans ce sens, la force militaire de l’OTAN ressemble plus à un peloton d’exécution qu’au déploiement d’une armée en vue de combats traditionnels.
Les "Stukas" de l'OTAN sur la Libye |
A leurs avions, navires de guerre, drones et satellites, les auteurs des nouvelles guerres coloniales peuvent ajouter leurs capacités de « bombardement » médiatique aptes à transformer une agression caractérisée en une « intervention humanitaire ». La manipulation, le mensonge, ainsi que l’attisement de minorités ethniques et religieuses sont ainsi devenus des ingrédients de leur politique belliqueuse.
Pour couronner le tout, la Cour pénale internationale (CPI) est là comme une sorte d’appendice judiciaire du peloton d’exécution de l’OTAN s’employant à légitimer et consacrer les bourreaux.
Et, pour qu’il soit clair que la CPI a été créée pour juger les seuls ressortissants de pays colonisés par la force et la terreur, les États-Unis ont décidé que leurs citoyens, soldats et mercenaires seraient soustraits à sa juridiction.
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Par ailleurs, la guerre contre la Libye a montré que les impérialistes avaient procédé à une nouvelle division de leur travail : les traditionnelles puissances coloniales comme la Grande-Bretagne et la France - avec l’appui politique et militaire décisif des États-Unis - se concentrent sur le Moyen-Orient et sur l’Afrique, tandis que les États-Unis tendent à déplacer de plus en plus leur dispositif militaire vers l'Asie, en visant explicitement la Chine.
C’est pour ce dernier pays la menace de devoir faire face à l’agressivité renouvelée de l’impérialisme occidental.
Et, on comprend son souci de ne pas rééditer le retard technologique et militaire qui lui avait été si fatal il y un siècle et demi. Donc de continuer à impulser son développement économique.
[1] Article basé sur un texte du philosophe italien Domenico Losurdo : Dalle guerre dell’oppio alle guerre del petrolio, domenica 23 Ottobre 2011 -
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